La neuroéducation est un champ très à la mode ces temps-ci. Vous avez toujours rêvé de connaître ce qu’il se passe dans le cerveau de vos élèves lors de l’apprentissage ? De savoir quels sont les effets de vos enseignements sur leurs capacités cérébrales ? De pouvoir adapter votre pédagogie à chaque élève, en fonction de la constitution et du développement de son cerveau ? On se propose de vous exposer en avant-première les découvertes d’une toute jeune discipline à la croisée des chemins : la neuroéducation.
Sommaire
La neuréducation : définition
Discipline scientifique émergente, à la croisée des neurosciences, de la psychologie et de l’éducation, la neuroéducation se donne pour objectif de rendre compte aux éducateurs, enseignants et professeurs, des meilleures stratégies et méthodes d’enseignement, à partir des découvertes scientifiques sur la mémoire, le langage et l’apprentissage.
L’émergence récente d’une discipline prometteuse
Le terme de neuroéducation, définissant une approche neuroscientifique de l’éducation [1] apparait en 2009 et forme un mouvement international, dont le cœur se situe au Québec, à l’Université du Québec à Montréal (UQAM).
L’émergence de la neuroéducation se fonde sur 3 découvertes majeures, synthétisées en 2014 par le pionnier de la discipline, Steve Masson[2], Professeur à la Faculté d’Education de l’UQAM et Directeur du Laboratoire de Recherche en Neuroéducation.
1/ L’apprentissage modifie l’architecture du cerveau
Il est donc possible, grâce aux techniques d’imagerie cérébrale, d’identifier les changements cérébraux chez l’apprenant. Cette découverte se fonde sur le concept de neuroplasticité cérébrale que nous vous exposons un peu plus loin 🙂
2/ L’architecture du cerveau à un instant donné influence et contraint les apprentissages
D’où la nécessité de connaître l’architecture cérébrale des élèves !
3/ L’enseignement et les pratiques pédagogiques influencent les effets de l’apprentissage sur le cerveau des élèves
Ainsi, apprendre un même concept grâce à deux techniques pédagogiques différentes modifierait l’architecture cérébrale de l’apprenant, et donc ses apprentissages ultérieurs.
Aujourd’hui, les disciplines les plus explorées dans le cadre de la neuroéducation sont l’apprentissage de la lecture (afin de trancher le débat méthode syllabique vs méthode globale) et l’enseignement des mathématiques.
Grâce à ses trois découvertes, la neuroéducation prône qu’il est pertinent d’étudier le cerveau en relation à l’enseignement et à l’apprentissage. Convaincus ?
Les 4 concepts clés de la neuroéducation
La neuroéducation pose actuellement quatre concepts fondamentaux permettant d’établir des ponts entre l’éducation et le cerveau.
1/ La neuroplasticité cérébrale
Le terme de neuroplasticité renvoie à une propriété intrinsèque des neurones et de leurs connexions respectives. Le cerveau est un organe dynamique, malléable, qui adapte sa structure à son environnement. Cette plasticité agit au niveau des connexions entre les neurones : tout au long de la vie, de nouvelles connexions entre neurones se créent, et des connexions existantes s’affaiblissent, disparaissent ou au contraire se renforcent.
La neuroéducation se propose donc d’étudier les effets de l’enseignement et des pratiques pédagogiques sur ces connexions de neurones, ainsi que les conséquences d’une certaine architecture neuronale sur les apprentissages.
Le cerveau est un organe dynamique, malléable, qui adapte sa structure à son environnement.
2/ Le recyclage neuronal
Le recyclage neuronal [3] désigne le processus par lequel une région cérébrale est modifiée pour acquérir de nouvelles compétences, c’est-à-dire le processus par lequel les interconnexions de neurones au sein de cette région cérébrale se modifient.
Par exemple, si nous savons quelle région cérébrale se modifie et comment elle se modifie selon les différentes méthodes d’apprentissage de la lecture, nous serons potentiellement en état de trancher le débat en termes d’efficacité d’une méthode par rapport à un autre.
3/ L’inhibition
L’inhibition désigne la capacité du cerveau à contrôler des intuitions, des stratégies ou des habitudes spontanées. Biologiquement et chimiquement, l’inhibition renvoie à des neurotransmetteurs inhibiteurs qui viennent nuire à l’activation des réseaux de neurones responsable de ces intuitions, stratégies ou habitudes.
Des concepts non-intuitifs, donc plus difficiles à enseigner aux élèves, tels que le fait qu’un kilogramme de plumes et un kilogramme de plomb tombent à la même vitesse pourraient être enseignés plus facilement.
Quels sont les leviers de l’attention et de la motivation ?
4/ L’attention
Quels sont les leviers de l’attention et de la motivation ? La neuroéducation s’essaye à en découvrir les racines physiologiques et cérébrales.
Perspectives de la neuroéducation
Vous n’avez donc pas fini d’entendre parler de la neuroéducation, qui remet au centre les enseignants et la pédagogie : puisque le cerveau de chaque élève est capable de changer, chaque professeur peut catalyser des interconnexions entre les neurones de chacun de ses élèves pour leur permettre de lire, compter ou résoudre toutes sortes de problèmes ! La piste est à vous 🙂
A suivre très bientôt, un article sur les apports majeurs de la neuroéducation#2 à l’enseignement !
Pour les geeks, la sélection du chef des meilleurs liens pour approfondir le sujet :
Une sélection d’articles à la pointe de la recherche en termes de neuroéducation par l’Association pour la Recherche en Neuroéducation (ARN)
Brault Foisy, L.-M., Lafortune, S., & Masson, S. (2012). La neurodidactique des sciences au service des enseignants (mot des coordonnateurs du numéro thématique sur la neurodidactique des sciences). Spectre, 42(1), 10.
Brault Foisy, L.-M., Lafortune, S., & Masson, S. (2012). Neurodidactique de la lecture : comprendre comment le cerveau apprend à lire pour mieux le lui enseigner. Vivre le primaire, 25(1), 14-16.
Brault Foisy, L.-M., & Masson, S. (2009). La neuroéducation : mieux comprendre le cerveau pour mieux enseigner. Vivre le primaire (complément direct), 22(4), 1-6.
OCDE. (2007). Comprendre le cerveau : naissance d’une nouvelle science de l’apprentissage. Paris: Éditions de l’OCDE.
[1] Brault Foisy, L.-M., Lafortune, S., & Masson, S. (2012). La neurodidactique des sciences au service des enseignants (mot des coordonnateurs du numéro thématique sur la neurodidactique des sciences). Spectre, 42(1), 10.
[2] Masson, S. (2014). Cerveau, apprentissage et enseignement : mieux connaître le cerveau peut-il nous aider à mieux enseigner ? Éducation Canada, 54(4), 40-43.
[3] Dehaene, S., & Cohen, L. (2007). Cultural recycling of cortical maps. Neuron, 56(2), 384-398. doi: 10.1016/j.neuron.2007.10.004.
Merci pour les resources. De belles lectures en perspective sur un sujet passionnant. Chez Babaoo nous n’en doutons pas : la neuroéducation devrait être un des piliers de l’enseignement.