GUIDE DE SURVIE
Si l’on vous dit « aventure », « îlot » et « bruit de fond », vous le devinez, on ne parle pas d’un voyage organisé, mais de travail de groupe. Idéal pour stimuler la coopération entre élèves et le développement personnel, il est aussi parfois redouté par certains d’entre nous qui voyons déjà les panneaux lumineux « mutinerie » et « Doliprane » clignoter dans nos cerveaux. On se pose souvent de nombreuses questions avant de se lancer dans ce voyage… Comment constituer les groupes ? Comment impliquer chaque élève dans l’activité ? Quelles sont les différentes manières d’adapter le travail selon la classe ? Dans cet article, vous retrouverez des conseils et astuces de collègues, mais également des exemples de projets menés et des retours d’expérience.
COMMENT CONSTITUER LES GROUPES ?
La composition des équipes est un élément primordial et toujours délicat : faut-il laisser les élèves choisir leur équipe ou non ? Doit-on faire des regroupements par niveau ? Combien d’élèves au maximum ?
La méthode pour constituer les équipes va dépendre de deux facteurs importants : la nature de l’activité proposée et la classe avec laquelle on doit travailler.
On peut opter pour différentes méthodes qui présentent toutes à la fois des avantages et des inconvénients :
La méthode « compatibilité » ❤️ — un travail de groupe par affinités
En misant sur la création d’équipes par affinités, on laisse le choix à nos élèves, ce qui encourage l’autonomie et limite les tensions au sein de l’équipe. Chacun d’entre eux sera libre de rejoindre le groupe qu’il souhaite et sera responsable de la décision qu’il a prise.
Néanmoins, si ce choix est guidé uniquement par des raisons affectives (ce qui est souvent le cas), l’élève prend le risque de se retrouver avec des camarades, qui sont d’excellents amis, mais qui ne seront pas forcément de bons coéquipiers. À cela vient s’ajouter un second problème : comment intégrer les élèves isolés ?
La création de groupe par affinités va venir renforcer le sentiment de rejet.
Ainsi, lorsque l’on décide d’appliquer cette méthode, il est très important de fixer certaines règles dès le départ :
La méthode « loterie » 🎰 — composer les équipes au hasard
Opter pour la création des équipes au hasard prépare les collégiens et lycéens à la vie professionnelle. En constituant des groupes au hasard, on encourage les élèves à collaborer en tenant compte de leurs différences, ce qui favorise la socialisation.
Cette méthode est intéressante dans le cadre d’une préparation à un examen ou d’une mise en situation dans le monde professionnel. On peut également utiliser le hasard pour des activités courtes. Pour des projets longs, cela peut vite provoquer de nombreuses contestations, beaucoup de bruit et de ce fait beaucoup d’énergie à tenter de trouver des terrains d’entente au lieu de travailler !
La méthode « salade composée » 🥗 — former des groupes hétérogènes
On peut former les équipes en mélangeant les élèves de différents niveaux. Cela permet de développer un esprit d’entraide et de solidarité. Pour des projets brefs, cela peut être très utile, en particulier si l’on répartit les élèves en binômes.
Mais sur des projets plus complexes, les élèves ont parfois du mal à trouver leur place au sein du groupe. Les coéquipiers avec plus de difficultés peuvent se reposer sur ceux ayant plus de facilités et, inversement, les participants les plus à l’aise peuvent avoir tendance à laisser leurs camarades sur le banc de touche. Il est alors nécessaire de donner des tâches adaptées à chaque membre de l’équipe afin que tous les élèves soient impliqués dans le projet.
La méthode « différenciée » 📂 — associer les élèves en fonction de leur niveau
En effectuant un regroupement par niveau, on peut plus facilement différencier les tâches et objectifs à atteindre pour chaque groupe. Chacun peut alors progresser à son rythme. Il s’agit de la méthode la plus utilisée par les collègues interrogés pour l’écriture de cet article.
COMMENT IMPLIQUER CHAQUE ÉLÈVE DANS LE TRAVAIL DE GROUPE ?
L’un des points les plus délicats dans le travail de groupe demeure l’investissement de chacun. Comment faire en sorte que tous les élèves participent à leur niveau dans le projet proposé ? Nous allons vous présenter ici plusieurs outils sur lesquels on peut s’appuyer durant le travail.
LES CARTES RÔLES
Les cartes rôles permettent de donner un rôle spécifique à chaque membre du groupe. Il est possible de changer de rôle au cours du projet. Chacun a une mission spécifique. On peut alors évaluer chaque élève individuellement sur la compétence transversale « s’investir dans son travail ».
Voici un exemple de cartes rôles :
Chaque rôle possède des missions spécifiques, des atouts et des outils. À vous d’adapter vos cartes selon vos besoins et le niveau de la classe. Si vous êtes créatifs, vous pouvez vous amuser à créer les vôtres ! Une fois les cartes réalisées, vous pouvez les plastifier afin de les réutiliser d’une activité sur l’autre.
💡 Quelques liens vers des cartes rôles prêtes à l’emploi :
📎 Lelivrescolaire.fr, Philocite.eu, Trousse-magique.com (collège)
TRAVAIL DE GROUPE PAR LE JEU
Comme vous l’aurez sans doute compris avec la présentation des « cartes rôles », pour qu’un travail de groupe fonctionne, il peut être intéressant de lui donner un aspect ludique.
On peut, par exemple, imaginer un concours entre les groupes avec une récompense pour l’équipe ayant réalisé le meilleur travail. Selon les efforts fournis durant chaque séance, on peut imaginer que l’on fasse gagner ou perdre des points à son équipe. Le groupe avec le meilleur résultat repart avec un avantage pour le prochain cours. En organisant une compétition, on éveille la curiosité des élèves et l’esprit de solidarité au sein du groupe. Les élèves se sentent responsables et investis, car ils veulent faire gagner leur équipe.
Pourquoi ne pas penser à des cartes « bonus » et « malus » ? Les groupes ayant effectué un travail sérieux repartent avec un bonus pour le cours et ceux qui ne se sont pas impliqués ou qui ont été trop bruyants écopent d’une pénalité.
Une multitude de possibilités s’offrent à vous selon le travail de groupe que vous souhaitez mener et la classe avec laquelle vous voulez le réaliser !
💡 Des idées d’organisation du travail en « îlots bonifiés » :
📎 Pédagogie.ac-aix-marseille, Pédagogie.ac-aix-marseille.fr, Ent2d.ac-bordeaux.fr
TRAVAIL DE GROUPE : LA DIFFÉRENCIATION
Le travail de groupe permet de mettre en place des ateliers différenciés. Selon le niveau des élèves, on peut adapter le degré de difficulté des tâches données, mais aussi les objectifs à atteindre.
Il est aussi possible de mettre en place plusieurs ateliers, à la manière de stands et d’organiser un roulement entre les différentes activités :
Circuit 🔄
Sur chaque table se trouve une compétence différente à travailler. Par exemple : « méthodologie », « rédaction » et « recherches ». À chaque début de séance, de semaine ou de période (selon la durée du projet), les groupes changent d’îlots. Ceux qui travaillaient sur la « méthodologie » passent à l’atelier « rédaction », ceux qui se trouvaient au pôle « rédaction » partent sur l’activité « recherches », etc.
World café ☕️
Idéal pour débattre, aborder des questions de philosophie ou des problématiques littéraires. Chaque équipe possède un ou deux « hôtes » et deux ou trois « voyageurs ».
Le principe est le suivant : le groupe échange durant une dizaine de minutes autour de la problématique proposée. Ensuite, les voyageurs ont pour mission de partir à la rencontre des hôtes et d’exposer les idées de leur équipe. Les hôtes accueillent les voyageurs, écoutent et notent leurs idées.
En fin de session, les voyageurs retournent à leur table initiale pour effectuer un bilan collectif.
💡Quelques liens utiles pour découvrir différentes utilisations du « world café » :
📎 Canopé, Demos.fr, Atelier-collaboratif.com
💡Idées de matériel à apporter
- Un sablier par îlot ⏳
- Des badges avec le rôle de chaque participant 🧷
- Une horloge ou un chronomètre numérique à projeter au tableau 🧭
- Une nappe en papier pour chaque îlot afin de noter les idées, faire des schémas, des tableaux, des calculs ou bien des cartes mentales ! ✏️
- Un objet qui fera office de bâton de la parole 🖊️
- Des Post-it pour noter les mots clés ou des idées 🔖
EXEMPLES DE TRAVAUX DE GROUPE MENÉS
Un petit-déjeuner équilibré 🥞
Un projet présenté par l’académie de Strasbourg sur le thème du petit-déjeuner équilibré. Le but de l’exercice est de créer une campagne d’information sur le petit-déjeuner et les habitudes alimentaires. Pour ce faire, les élèves réalisent un sondage et effectuent une recherche documentaire sur les apports nutritionnels, ainsi que les habitudes alimentaires des autres pays. Ce travail de groupe apprend aux élèves à coopérer pour planifier les tâches et les répartir entre les membres.
💡 Plus d’informations sur le projet ici.
Le Petit Prince 🤴🏼
Le but de ce projet, réalisé dans l’académie de Nantes, est de faire participer chaque élève à l’activité. Inspiré du livre Le Petit Prince, l’exercice consiste à réaliser une affiche représentant l’une des planètes visitées par le protagoniste et une présentation du personnage rencontré sur celle-ci. Pour conclure, les élèves doivent être capables d’expliquer ce que le Petit Prince a appris et d’en déduire une morale.
💡 Plus d’informations sur le projet ici.
Dans un premier temps, le niveau sonore risque d’être un peu élevé et les élèves agités, car il s’agit d’une manière de travailler différente de ce que vous faites habituellement. Il faut donc le temps que chacun — y compris l’enseignant ! — prenne ses marques. Une fois le travail de groupe amorcé, on constate que dans la plupart des cas, les élèves trouvent leur rythme de travail et leur propre fonctionnement. Il s’agit d’un exercice à la fois prenant et passionnant. Le travail de groupe peut prendre différentes formes et permet aux élèves de sortir du cadre scolaire traditionnel. Pour se lancer dans l’aventure il faut trouver les outils qui correspondent à chacun et se les approprier !