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Nous avons eu envie de leur donner la parole. Le premier thème abordé dans cette série d’interviews est la co-intervention.
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Voici le témoignage de Benjamin Ledanois, professeur de génie électricité dans un établissement multi-filières. Il enseigne dans des classes aux niveaux hétérogènes, avec des élèves très investis par leur formation et d’autres plus décrocheurs. La co-intervention est pour lui un excellent tremplin pour préparer tous ses élèves à leur intégration dans le monde du travail.
Depuis la dernière réforme de la voie pro, la co-intervention s’est vraiment “institutionnalisée” avec un nombre d’heures définies dans les programmes, etc. Pour vous, concrètement, comment cela s’est-il mis en place ?
Avant, il n’y avait pas vraiment de consigne officielle, et la co-intervention dépendait des établissements. Dans certains, les enseignants ne vont pas spécialement travailler ensemble, dans d’autres c’était déjà le cas.
Je travaille dans un petit établissement : ça se faisait depuis longtemps avant la réforme. Celle-ci permet de mener des projets en co-intervention officiellement.
Avant, on travaillait sur nos heures libres pour intervenir dans les cours de l’autre (soir et weekend). Aujourd’hui c’est rémunéré, c’est compris dans nos heures de service. Cela donne l’opportunité de travailler sur des séquences construites, c’est plus efficace pour poser un cadre.
Personnellement, je travaille 1 heure avec le prof de maths, 1 heure avec le prof de français pour des cours en co-intervention. Enfin, ça donne du sens à un enseignement général jugé très théorique.
Quelle préparation cela implique-t-il en amont, de la part des enseignants ? D’une façon pratique, comment avez-vous organisé le binôme prof général/prof pro ?
Dans les textes, il y a une liberté sur la co-intervention, même au niveau du contenu. Dans mon lycée, on cherche un élément du programme qui pourrait être commun avec les 2 matières. On prépare ensuite une séquence plus ou moins longue avec des compétences transversales.
En Lettres-Histoire, on a choisi le thème de la France après 1945, un sujet autour de l’industrialisation (innovations dans l’électricité). Par binôme, les élèves vont construire une affiche pour faire une fresque au CDI et aux journées portes ouvertes du lycée.
En Maths-Sciences, on fait des TP pendant une heure sur le domaine de l’électricité. On travaille une compétence transversale : la prise de notes.
Comment la co-intervention est-elle prise en compte dans vos pratiques pédagogiques (programmation sur l’année) ?
On tâtonne là-dessus… Nos séquences sont prévues sur l’année : la théorie en cours de Maths-sciences, la pratique dans le cours en co-intervention. La progression se voit déjà en atelier avec les élèves (en autonomie) : la théorie rejoint la pratique.
Les projets sur le long terme comme la prise de notes par exemple sont plus difficiles à identifier en amont. Cela dépend vraiment du niveau des élèves chaque année. Chaque binôme d’enseignants a ses projets de co-intervention différents.
Maintenant que la co-intervention est officiellement présente dans les programmes, qu’est-ce que ça a changé concrètement ?
Les heures allouées ensemble, entre collègues d’enseignement général-enseignement professionnel, c’est bien ! Quand les élèves sont en stage, on peut construire ensemble les séances de co-intervention en avance. D’un point de vue organisationnel, ça laisse vraiment l’opportunité de faire quelque chose d’intéressant et de construire pour les élèves.
L’opportunité de poser un cadre à une pratique déjà en place dans les faits a tout changé.
Pour vous, en tant qu’enseignant, quels sont les avantages et les bénéfices dans le travail en co-intervention ? Et pour les élèves ?
Vu les emplois du temps, c’est pratique d’avoir du temps dédié, imposé, pour travailler avec les collègues d’enseignement général. C’est une progression individuelle aussi en tant qu’enseignant.
Pour les élèves, cela permet de faire le lien avec le réel sur tout ce qui est matières générales, et de mieux voir l’utilité du français et des maths. Ils voient que les enseignants travaillent ensemble, ça montre l’unité d’une équipe pédagogique. C’est très bon pour le comportement en classe… Souvent, en enseignement pro, le prof fait office de figure d’autorité ; en classe “classique”, c’est parfois plus compliqué. La pratique de la co-intervention peut parfois permettre de faire le lien avec des collègues qui se sentent plus en difficulté dans leur salle de classe.
Quelles sont les “3 règles d’or” de la co-inter d’après vous ?
– Trouver un sujet commun qui plaise aux 2 parties, motivant pour les élèves ET les profs, pour changer la dynamique de l’activité initiale prévue
– Cadrer les choses suffisamment pour amener les élèves à participer, pour faire adhérer le groupe classe
– Faire autre chose que les cours qu’ils font tous les jours, tester des choses, innover pédagogiquement, voire co-construire le cours avec les élèves
Dernière question : avec un peu de recul maintenant, quel est le meilleur souvenir de cours en co-intervention avec vos élèves ?
En atelier, chaque fois que les élèves font le lien avec ce qui avait été fait en expérimentation, c’est gagné. J’apprécie de voir l’adaptation par l’élève, en atelier, d’un savoir différent vu ailleurs. Et les élèves s’y retrouvent !
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