En 2021, les éditions Lelivrescolaire.fr s’attaquent à un nouveau challenge de taille : proposer de nouvelles collections innovantes, collaboratives et en libre accès pour les professeurs et élèves de lycées pro ! Depuis un an, nous avons donc la chance de travailler et d’échanger quotidiennement avec des enseignants de la voie professionnelle de tous les horizons.
Nous avons eu envie de leur donner la parole. Le premier thème abordé dans cette série d’interviews est la co-intervention.
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Voici le témoignage de Jean-Marie Guillot. Ancien professeur d’usinage en bac pro, il est aujourd’hui enseignant de Maths-Sciences.
Depuis la dernière réforme de la voie pro, la co-intervention s’est vraiment “institutionnalisée” avec un nombre d’heures définies dans les programmes, etc. Pour vous, concrètement, comment cela s’est-il mis en place ?
Je pratique la co-intervention au niveau seconde pour capitaliser sur le travail réalisé depuis 2 ans. Cela me permet de finaliser les documents de travail élaborés avec un collègue depuis la réforme.
Je travaille par exemple avec le collègue d’éco-gestion, avec une classe de Métiers de la Relation Client (MRC) [une des familles des métiers en seconde bac pro], une heure par semaine en co-intervention institutionnalisée. Nous travaillons par binôme en salle informatique en 3 séquences pour présenter les 3 filières dans lesquelles les élèves se répartissent en 1re-Terminale bac pro [commerce vente A, commerce vente B, accueil]. En fin des séquences, nous organisons un oral de présentation d’un produit (par exemple, présentation des rayonnages de Leroy Merlin).
On mobilise les maths autour de la TVA, la notion de remise, les rabais, les pourcentages, la facturation, etc. Avec l’informatique, on crée des fichiers Excel avec des références de produit, la facturation automatique avec les formules.
Avec les CAP coiffure, on a établi un partenariat avec un salon de coiffure. Visite, plans du salon, travail sur les espaces, les surfaces… les mathématiques sont partout ! Idem sur la rénovation : quels matériaux ? quels produits au sol ?
Quelle préparation cela implique-t-il en amont, de la part des enseignants ? D’une façon concrète, comment avez-vous organisé le binôme prof général/prof pro ?
On démarre par une réflexion chacun de son côté en MRC à partir de thématiques récupérées dans le manuel qu’on utilise, pour voir ce qu’on peut en tirer : exemple de Walibi sur les stats (analyse d’un questionnaire, d’un sondage) et les représentations graphiques. En dernière séquence : Orpi, meilleur vendeur de l’année.
En maths, cela permet de mobiliser le programme sur les moyennes, la médiane, etc. On repart toujours de la matière pro et, en maths, on crée tout de A à Z. En coiffure, c’est autant de la science que des maths !
Comment la co-intervention est-elle prise en compte dans vos pratiques pédagogiques (progression sur l’année) ?
On traite certains chapitres avec la co-inter (par exemple les stats), et pendant les heures d’Accompagnement personnalisé (AP) si besoin. Pas de doublon avec les heures de maths “classiques”. J’ai toujours travaillé à partir d’activités introductives pour mettre les élèves en action de façon concrète. Au fil de l’activité, on amène les outils du chapitre : calcul d’une fréquence, etc.
Je travaille systématiquement sur les automatismes dans les premières activités introductives, que ce soit en co-intervention ou pas.
Sur nos chapitres ciblés co-intervention, on établit un planning avec 4 missions + la mission finale (présentation orale avec diapo). On prévoit une mission par séance même si, en réalité, le travail est réparti sur 7 semaines.
En co-intervention Maths/MRC, une double évaluation est menée en suivant les référentiels des 2 disciplines.
Maintenant que la co-intervention est officiellement présente dans les programmes, qu’est-ce que ça a changé concrètement ?
C’est appréciable : le regard des élèves n’est plus le même sur la partie générale. L’outil mathématique est nécessaire partout, la co-intervention permet son décloisonnement et rend les maths concrètes.
Entre collègues, cela permet de se rendre compte du travail de chacun. C’est très positif sur le relationnel entre les profs et avec les élèves : pas les mêmes enjeux entre les matières générales et leurs matières pro (cf. coefficients au bac), et tout le monde joue le jeu des maths.
Les élèves oublient les casquettes des profs et demandent de l’aide indifféremment à un prof de pro ou à un prof de général. Grâce à ça et à une préparation commune en amont, c’est également possible d’avancer même si le collègue de pro est absent. C’est aussi vrai en bac pro qu’en CAP.
Pour vous, en tant qu’enseignant, quels sont les avantages et les bénéfices dans le travail en co-intervention ? Et pour les élèves ?
J’apprends personnellement des choses ! C’est un enrichissement en culture gé, notamment sur les disciplines tertiaires après un parcours clairement indus. La co-intervention permet aussi une spécialisation dans un domaine, dans un projet. C’est valorisant de pouvoir capitaliser un peu sur des docs, devenir spécialiste d’une thématique…
On a aujourd’hui des élèves déjà habitués à une certaine forme de co-intervention au collège avec les EPI, celle-ci s’inscrit dans la continuité avec le cycle 4. Ce n’est pas un bouleversement pour les élèves, leur capacité d’adaptation est forte ; les adultes ont souvent eu plus d’appréhension…
Quelles sont les “3 règles d’or” de la co-inter selon vous ?
– Une collaboration étroite avec l’enseignement pro
– Ne pas avoir peur de demander de l’aide à un collègue
– Se mettre la tête dans le référentiel du diplôme préparé pour les mises en situation
Dernière question : avec un peu de recul maintenant, quel est le meilleur souvenir de cours en co-intervention avec vos élèves ?
Énormément de bons souvenirs et à la fois rien de très précis. Le questionnaire sur Walibi était assez sympa car on avait inversé les rôles entre prof de maths et prof d’éco-gestion. Ou des demandes régulières au prof de maths pour allumer les machines au lieu de demander au prof pro ! C’est parfois compliqué d’allumer une fraiseuse…
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