Marie Soulié, prof de français, entame sa 4e année en classe inversée. Elle fait partie des pionnières en France avec Olivier Quinet et David Bouchillon. Elle a d’ailleurs été la première à tenter l’aventure en français.
Les débuts de l’aventure
Son envie de se lancer dans cette nouvelle expérience est partie du constat d’un échec. Marie travaillait déjà beaucoup avec le numérique. Un jour, elle s’est filmée pour montrer son travail à une stagiaire. En faisant le montage de la vidéo, Marie s’est rendu compte qu’elle avait parlé 45 minutes sur 55 minutes et que seulement la moitié de la classe avait participé. C’est à partir de ce constat qu’elle décida de réfléchir à une nouvelle façon d’enseigner, en se tournant vers des pratiques déjà existantes au Québec et en s’inspirant notamment d’Annick Arsenault Carter, Lauréate du prix Enseignante de l’année 2014 de l’AEFNB.
Elle décida de commencer doucement avec une classe de 6e, une heure par semaine. Petit à petit, elle élargit sa méthode à ses autres classes.
Marie est à l’origine du terme de « mise en bouche » pour les capsules vidéos : la vidéo ne doit pas être un résumé, mais une introduction à une notion.
Bonnes pratiques
Pour Marie, une capsule ne doit pas durer plus de 1 minute 30 et ne doit pas aborder toute la leçon mais seulement donner quelques pistes aux élèves, qu’ils travailleront durant la séance de cours. Ses cours commencent donc habituellement par une interaction sur la capsule, avant de former différents îlots pour passer à la tâche complexe. Ses élèves prennent alors une tablette par îlot et réalisent une carte heuristique, qu’ils présentent ensuite au reste de la classe. Ils choisissent ensuite la meilleure carte qu’ils recopient dans leur cahier. Avec la classe inversée, Marie offre l’opportunité à ses élèves de réaliser par groupe des vidéos ou des affiches lors d’une phase de production.
Emilie, une de ses élèves de 4e témoigne :
« C’est plus facile d’apprendre grâce à la classe inversée. J’aime le fait de pouvoir réaliser des cartes mentales, de les projeter devant la classe et de pouvoir expliquer à l’oral notre travail. C’est intéressant de pouvoir nous-mêmes produire les leçons. »
Emilie et son groupe travaillent actuellement à la réalisation d’une affiche sur le thème de l’esclavage. Grâce à la classe inversée, elle a également pu faire des vidéos et une « boite à rêves » pour y mettre les rédactions qu’elle a particulièrement appréciées.
Avec la classe inversée, Marie a retrouvé la raison pour laquelle elle avait choisi de devenir professeur.
Le changement de posture offert par cette méthode est fondamental pour Marie. « L’enseignant passe du ‘face à face’ au ‘côte à côte’, on se sent plus utile. Côté élèves, c’est une mise en activité permanente. Ils fabriquent eux-mêmes des fiches mémo et des QCM, c’est un exercice très formateur ».
On se lance ?
Si vous souhaitez vous aussi vous lancer dans cette aventure, Marie vous conseille de commencer modestement, avec par exemple une heure par semaine. S’il y a quelques années, faire une capsule relevait du parcours du combattant, de nombreux outils rendent l’exercice beaucoup plus simple. Ainsi, pour réaliser ses vidéos, Marie utilise notamment Adobe Voice. Et la communauté d’enseignants travaillant en classe inversée grandit : une trentaine d’enseignants en français ont produit un stock d’environ 300 capsules, qui balayent tout le programme du collège.
Elle tient cependant à préciser que la classe inversée n’est pas liée à l’outil numérique : elle est également adaptable au format papier. La classe inversée, c’est avant tout synonyme d’un changement de posture, pas forcément d’un passage au numérique. La capsule vidéo n’est que la « partie visible de l’iceberg » : le travail en îlot et les tâches complexes sont les plus importants.
Marie Soulié est prof de français au collège Daniel Argote d’Orthez. Vous pouvez la suivre sur son blog et sur Twitter @marie34.