Ces dernières années, le nombre d’élèves allophones en collège général et lycée professionnel ne cesse d’augmenter. On peut le constater au moment des mutations : une ouverture en hausse de postes spécifiques en Français Langue Seconde. Peu d’enseignants bénéficient d’une formation pour s’adapter à ce nouveau public. La même question revient alors régulièrement : comment prendre en charge un élève allophone ? C’est pourquoi, nous avons décidé de partager ici les expériences de professeurs de la communauté, de collège général et de lycée professionnel, autour de l’inclusion des élèves allophones. Ce sujet vous intéresse ? Vous pouvez retrouver notre article en vous rendant juste ici ! 😉
Aujourd’hui, nous donnons la parole aux élèves ! Ravindu, élève en seconde générale et technologique, a accepté de nous raconter son parcours.
Sommaire
Peux-tu te présenter en quelques mots ?
Je m’appelle Ravindu, je viens du Sri Lanka et j’ai 16 ans. Je suis élève en classe de seconde générale et technologique. J’ai deux petits frères et je suis arrivé en France en 2018.
Quelles sont les plus grandes difficultés que tu as rencontrées en arrivant en tant qu’élève en France ?
Apprendre le français a été la plus grande difficulté : la grammaire et particulièrement les conjugaisons et l’orthographe. Je suis également resté pendant quatre ou cinq mois sans aller à l’école. J’étais à Paris, dans l’attente d’une place pour un logement dans une autre ville. Je suivais des cours en ligne. Nous avons essayé de me faire intégrer un collège sur Paris, en attendant, mais entre-temps, l’OFFI (Office Français de l’Immigration et de l’Intégration) nous a trouvé une place d’hébergement à Ferrette. Je suis encore resté un mois sans aller au collège.
Le confinement a été une autre grande difficulté. De plus, les conditions au sein du logement social n’étaient pas optimales pour suivre des cours en ligne. Cette période a freiné considérablement mon apprentissage.
En Mathématiques ce n’est pas très compliqué, il me suffit de trouver la traduction du chapitre ou des consignes. Mais dans les matières littéraires, ce n’est vraiment pas amusant car je dois traduire l’intégralité du cours et ensuite j’avais du mal à comprendre. Le plus dur pour moi, ce sont les cours d’Histoire.
En Histoire, j’ai fait des progrès durant le troisième trimestre, et le professeur l’a même dit ! Par contre, le français reste très compliqué, surtout depuis que je n’ai plus de FLE. Il me manque beaucoup de vocabulaire pour faire de belles phrases. Le lexique s’apprend avec le temps, au fil des années. Mes parents me conseillent de lire, mais ce n’est pas très agréable… Je dois me forcer.
Quelles sont les aides que tu as reçues, en arrivant en France, pour progresser en français et reprendre ta scolarité ?
J’ai commencé les cours de FLE à mon arrivée au collège. Les professeurs étaient vraiment gentils, ils nous ont demandé si nous avions des questions pour les autres cours. Au bout de six, sept mois, j’arrivais à comprendre des choses pour pouvoir communiquer avec les autres.
Mon professeur de physique, au collège, me parlait anglais et parfois il me proposait des traductions. Cela m’aidait beaucoup car au Sri Lanka j’étais dans une école privée, les cours étaient en anglais.
Mon professeur de français, en classe de troisième, m’a beaucoup soutenu. Lorsque je ne comprenais pas, il venait vers moi pour m’expliquer la consigne. Il passait régulièrement pour savoir si j’avais bien compris.
D’autres élèves de la classe m’apportent également leur soutien. Ils viennent chez moi pour me réexpliquer le cours, m’aider à comprendre ce qui est demandé.
As-tu des idées à proposer pour améliorer l’intégration des élèves non francophones dans les écoles françaises ?
Je pense que ce serait bien si l’enseignant pouvait nous mettre le cours sur clé USB ou le poster en ligne, pour que l’on puisse ensuite apprendre les leçons à la maison. Ainsi, lorsque le professeur demande de prendre des notes nous pouvons garder notre attention sur ce qu’il est en train de dire et avoir le temps de poser les questions.
Sinon, moi par exemple, je parle anglais et Hervé Lefebvre m’a conseillé de me procurer des livres d’apprentissage du français pour les élèves anglophones. Je pense que ce type d’ouvrages peut aider plusieurs élèves.
Quel est ton projet professionnel ?
J’ai toujours voulu travailler dans l’industrie automobile. Lorsque j’étais enfant, je savais déjà que je voulais faire un métier en lien avec les voitures. Au départ, je voulais faire du design et de la carrosserie. Aujourd’hui, je souhaiterais plus travailler dans la mécanique automobile.
Peux-tu nous raconter un souvenir d’élève qui t’a particulièrement marqué ?
En quatrième, lorsque je suis arrivé, il y avait une compétition de baseball dans le collège. Chez moi, au Sri Lanka, on joue au cricket. Les règles sont à peu près les mêmes. J’étais vraiment fort en baseball et c’était un bon souvenir. Cette activité m’a permis de me trouver des amis et de m’intégrer dans l’établissement.