Fabrice Erre, professeur d’histoire-géographie et auteur du célèbre blog “Une année au lycée” a accepté de se prêter au jeu des questions/réponses pour une interview riche en anecdotes.
Quand vous étiez ado, vous vous imaginiez plutôt prof ou plutôt le crayon à la main ?
Je n’imaginais pas qu’on puisse vivre de son crayon. Mes parents non plus, qui m’ont encouragé à poursuivre mes études. Au bout du compte je suis ravi de ce double parcours car, je vous le demande, quoi de mieux que l’histoire et le dessin dans l’existence ?
Quelles sont vos sources d’inspiration pour “Une année au lycée” ?
Ma propre expérience de prof de lycée. Tout ce que j’y raconte part de quelque chose de vécu, d’observé. Il faut ensuite mettre en scène la réalité, non pour la trahir mais au contraire pour mieux la restituer.
Votre personnage est un prof chauve au long nez et à lunettes… Un souvenir d’un de vos anciens profs ?
Non, non, c’est moi, tel que je me vois dans la peau d’un enseignant, et tel que les élèves me voient sans doute.
Petit portrait chinois de votre personnage !
- S’il était… un personnage historique : le soldat inconnu
- S’il était… un dieu ou un héros de la mythologie grecque : Prométhée
- S’il était… une invention : l’oeil derrière la tête
- Sa devise : Restons calme
Il y a toujours beaucoup de bienveillance dans vos planches, un côté “anthropologue des profs”, un univers finalement peut montré et qui a ses propres codes. Quel est le trait que vous préférez croquer chez les profs ?
D’une manière générale, je veux dire au-delà du cas des profs, j’aime le décalage qui existe entre un individu et la position qu’il occupe, le “costume” qu’il enfile, et les efforts qu’il déploie pour que ce costume lui aille coûte que coûte. Il y a un jeu entre ce que l’on est et ce que l’on doit être qui me semble à la fois drôle et touchant (ou des fois tragique).
L’équilibre à maintenir est subtil : garder une certaine vitalité et de la spontanéité, mais veiller à éviter la superficialité.
Combien de temps passez-vous en moyenne sur une planche ? Croquez-vous parfois “en live”, en salle des profs ?
En général j’essaie d’aller vite, une paire d’heures sur une planche. L’équilibre à maintenir est subtil : garder une certaine vitalité et de la spontanéité, mais veiller à éviter la superficialité. Il me semble que le fait de proposer aux autres son regard impose que celui-ci soit travaillé d’une certaine manière, et non livré “brut”.
Vos élèves connaissent-ils vos talents d’auteur de BD ? Quelle est leur réaction lorsqu’ils se voient représentés dans vos planches ?
Les élèves m’en parlent peu directement, mais j’ai constaté que certains suivaient le blog par l’intermédiaire de leur compte Facebook. Ils réagissent notamment quand ils reconnaissent dans le dessin ce qui s’est passé dans la classe. Cette distance me convient très bien.
Et vos collègues, comment réagissent-ils ?
Il n’y a de leur part que des retours extrêment gentils. Ceux qui n’apprécient pas ont le tact de ne pas me le faire savoir. Du coup, je peux en conclure que les profs sont des gens formidables, pleins de gentillesse et de tact.
Quelles sont les planches qui suscitent le plus de commentaires ?
D’une manière générale, les pages sur les vacances font beaucoup réagir, car les lecteurs non profs y voient l’occasion de brocarder nos “privilèges”, et les lecteurs profs montent au créneau pour se défendre. C’est un plaisir supplémentaire pour moi quand les vacances arrivent.
L’anecdote la plus drôle qui vous soit arrivée en classe / en salle des profs ?
Ah, le jour où Jean-Claude a laissé son paquet de copies dans le couloir et qu’il a glissé dessus, ha!ha! qu’est-ce qu’on a ri ! … Hum, non, pardon, je raconte mal…
En tant que prof, avez-vous des rituels ou des “TOC” de profs 😉 ?
Au cours de mon stage, il y a bien longtemps, je me suis retrouvé en observation dans la classe d’un prof qui disait “chht” à tout moment, même s’il n’y avait pas de bruit, au milieu de ses phrases, en écrivant au tableau, tout le temps. C’était assez inquiétant et je n’ose pas imaginer quels TOC j’ai pu contracter pour ma part.
Prof en 2016, le plus beau métier du monde ?
Prof en 2016 près de la Méditerranée dans un lycée tranquille à mi-temps et en dessinant pour des gens bienveillants, oui. Mais je me garderai bien de généraliser…
Si l’on vous dit “Profpower”, cela vous inspire quoi ?
Un slogan de super-héros.
Quels sont vos projets pour la suite ?
- Terminer le programme dans de bonnes conditions, surtout en Terminale ;
- Monter des projets de bande dessinée avec Fabcaro, Terreur graphique et B-gnet ;
- Entre les deux faire du vélo s’il n’y a pas trop de vent.
Il nous semble que rire régulièrement est préconisé par la médecine du travail… alors on vous recommande un super remède anti-fatigue et anti-blues : suivez de près les aventures de Fabrice Erre sur le blog BD du Monde : Une année au lycée.
Une bonne idée de cadeaux pour vos amis et collègues : le Tome 1 (guide de survie en milieu lycéen) et le Tome 2 (guide de survie en milieu pédagogique numérique) de la BD Une année au lycée.
Et pour ceux d’entre-vous qui twittent plus vite que l’éclair, les péripéties de Fabrice sont aussi sur twitter @FabriceErre
Je vous recommande effectivement chaudement ce blog : il est dans mes favoris et m’apporte plusieurs fois par semaine rire et détente intelligente !